Messe de clôture de la retraite spirituelle des prêtres diocésains d'Idiofa 2024

RECOLLECTIONS TEMPS FORTS

  1. RAPPEL DU THEME DE L’ANNEE PASTORALE 2024-2025 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Luc 9, 13). Eucharistie au centre des CEVB : responsabilisation des fidèles et participation active et fructueuse à l’Eucharistie dans les CEVB

  1. EXPLICATIONS

Conformément aux directives pastorales de notre Père-Evêque, ce thème de l’année dégage les sous-thèmes ci-après :

  • La responsabilisation. Il s’agit de la responsabilité qu’ont les fidèles de notre diocèse à connaitre l’Eucharistie, à aimer l’Eucharistie, à rechercher l’Eucharistie-pain-de-vie, à vivre de l’Eucharistie, « être » l’Eucharistie dans le sens où disait un auteur : « nous sommes ce que nous mangeons », c’est-à-dire transformer notre comportement en fonction de ce que nous enseigne le Christ qui s’est offert à nous comme nourriture et qui a eu compassion de la foule en prenant l’initiative de la nourrir, de pourvoir à ses nécessités matérielles, à lui donner à manger. Beaucoup de nos fidèles attendent plutôt l’aide extérieure ou l’action des autres, alors qu’avec un peu de bonne volonté et une dose d’esprit d’initiative, nous pouvons faire des miracles.
  • La participation. Nous sommes appelés à participer joyeusement et activement à l’Eucharistie. La messe dominicale et les autres messes fériales et festives sont des occasions pour les fidèles de participer, d’agir ensemble pour faire monter la prière de la communauté comme un encens et comme l’offrande du soir (cf. Psaume 140). Ainsi, notre Père-Evêque veut que chaque acteur liturgique fasse sa partition.
  • Cette participation doit se faire dans le respect des règles liturgiques, dans le respect des rôles de chacun, et elle doit conduire à renforcer notre prise en charge de l’Eglise par ses propres fidèles. Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique, « le chrétien doit s’appliquer, par des œuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de la pénitence, à se dépouiller complètement du vieil homme et à revêtit l’homme nouveau ». « Le chrétien doit s’appliquer, par des œuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de la pénitence, à se dépouiller complètement du vieil homme et à revêtir l’homme nouveau »[1].
  • La prise en charge des fidèles à la vie de l’Eglise est fondée au point de vue biblique, doctrinal et canonique. En effet, selon la Bible, la prise en charge de l’Eglise par ses fidèles est une forme de piété au même titre que le jeûne et la prière[2], qui couvre une multitude de péchés (1 Pierre 4, 8). Elle est aussi une forme de pénitence (cf. Tobie 12, 8 ; Matthieu 6, 1-18). La prise en charge de l’Eglise, vécue comme aumône et dîme, est enfin selon la Bible, un acte de religion « au Père qui voit dans le secret » (Matthieu 6, 1-6. 16-18) relevant des œuvres de miséricorde (cf. Isaïe 58, 6-7 ; Tobie 4, 5-11 ; Siracide 17, 22, Hébreux 13, 3), car parmi les gestes de miséricorde, l’aumône faite aux pauvres et au temple est un des principaux témoignages de charité fraternelle. C’est dans cette perspective qu’est perçue la pratique de la dîme dans l’Eglise.
  • La dîme est une offrande religieuse couramment pratiquée dans le christianisme, où les fidèles donnent généreusement 10% de leurs revenus à leur Eglise ou à des œuvres de charité. Cette pratique a une longue histoire et est profondément enracinée dans la foi chrétienne. L’Eglise utilise la dîme à de nombreuses fins. En voici quelques-unes : construire, entretenir et faire fonctionner les temples, les églises et d’autres bâtiments. Fournir des fonds de fonctionnement aux pieux, aux paroisses et aux autres unités de l’Eglise.
  • Parmi les versets qui parlent de la dîme, nous pouvons citer Malachie 3, 8-10 : « Apportez à la maison du trésor toutes les dimes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance ». Initialement, la dîme est une portion de la récolte, de la cueillette de fruits ou simplement du bétail que le croyant offre à Dieu par le truchement de son Eglise (Lévitique 27, 30-33).
  • Un autre fondement de la « prise en charge de l’Eglise par ses propres fidèles » se trouve dans les paroles mêmes du Christ : « donnez-leur vous-mêmes à manger » (Luc 9, 13 ; Jean 6, 5), « Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous…. Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang versé pour vous. Faites ceci en mémoire de moi » (Matthieu 26, 26). Comme nous l’avons souligné dans notre plan pastoral actuel, l’Eucharistie est la source d’où nous devons puiser les valeurs de notre vie chrétienne ; elle est aussi l’école de notre vie de foi.
  • A l’école l’enseignant explique au moyen des exemples que les élèves doivent suivre ainsi que des tâches à exécuter. L’eucharistie est une école de la donation totale. Nous aussi, nourris du pain du ciel, participants à l’eucharistie, nous avons appris cette donation, nous sommes appelés à imiter Jésus-Christ, à suivre son exemple et à exercer un devoir de charité. Nous devons devenir des fidèles qui donnent avec joie, selon la parole de saint Paul : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9, 7).
  1. REGARDER LE CHRIST DANS L’EPREUVE DE SA PASSION

En plus des réflexions sur le thème de l’année pastorale en cours, le Centre diocésain de Pastorale et Catéchèse entend, toujours en harmonie avec les Directives de l’Evêque pour cette année pastorale en cours, inviter toute la communauté diocésaine à méditer, pendant ce Carême, sur l’épreuve de la Passion : REGARDER LE CHRIST DANS L’EPREUVE DE SA PASSION.

En voici quelques idées qui peuvent inspirer vos réflexions et vos méditations :

  • « Quand toi, Dieu, tu fus présenté devant Caïphe, quand toi, le Juge, tu fus condamné devant Pilate, les puissances des cieux tremblèrent d’effroi. Entre deux larrons tu fus élevé sur le bois ; toi, sans péché, tu fus compté au nombre des criminels. Tout cela tu l’as enduré pour le salut de l’homme. Seigneur innocent, gloire à toi ! » (De l’office divin du vendredi saint).
  • « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos » (Matthieu 11, 28).
  • « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13).
  • « Grâce soit rendue à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Corinthiens 15, 37).
  • « Mon but est de le connaître, Lui, ainsi que la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort » (Philippiens 3, 10).
  • Regarder le Christ dans l’épreuve de la Passion ! Non pas part dolorisme ou par la souffrance pour la souffrance. La souffrance n’est jamais positive en elle-même. Le Seigneur lui donne une dimension positive et la fait déboucher sur la vie plus forte que la mort, il nous rend conformes à lui.
  • Contempler le Christ dans l’épreuve ne nous dispense pas de le servir à travers nos frères et sœurs en humanité. Dans l’envoi fait aux apôtres de distribuer les pains et les poissons (Luc 9, 13-19), le Christ nous enseigne l’esprit du service partout où nous sommes, partout où nous agissons, spécialement dans nos CEVB. Voici ce qu’écrivait un auteur anonyme du 14ème siècle :
  • Le Christ n’a pas de mains, il n’a que nos mains pour faire son travail d’aujourd’hui ;
  • Le Christ n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin ;
  • Le Christ n’a pas de lèvres, il n’a que nos lèvres pour parler de lui aux hommes ;
  • Le Christ n’a pas d’aide, il n’a que notre aide pour mettre les hommes de son côté ;
  • Nous sommes la seule Bible que le peuple lit encore ;
  • Nous sommes le dernier message de Dieu écrit en actes et en paroles.
  • Au Golgotha, le Christ était entre deux larrons :
  • L’un d’eux l’insultait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi » (Luc 23, 39). Il exprimait ainsi la douleur, le désespoir et le dépit devant l’échec.
  • L’autre disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Le malfaiteur condamné à mort reconnait en Jésus le Roi dont le royaume n’est pas de ce monde, il reconnait comme Fils de Dieu un homme agonisant. Confession inexplicable ; manifestation d’une foi absolue, inconditionnelle. Le carême n’est-il pas le temps privilégié de purifier notre foi ? de confesser nos péchés et de sentir et éprouver la joie du pardon demandé, offert et obtenu ?
  • Que manque-t-il à notre foi ? Nous voulons des signes, des prodiges et s’il n’y a pas de réponse, s’il n’y a pas de signe, alors nous pensons qu’il n’y a pas de Dieu, que nous pouvons nous passer d’un Dieu qui ne fait pas de miracles. A Auschwitz, alors qu’on pendait un prisonnier, un autre prisonnier dit : « Où est Dieu dans tout cela » ? Une autre voix se fit entendre : « Celui qui est suspendu au gibet ».
  • Le bon larron crucifié à la droite de Jésus est pardonné et élevé dans les demeures célestes. Le larron de gauche se laisse entrainer dans les abîmes du désespoir sous le poids de ses péchés non assumés.
  • La croix du Christ est le signe de la justice de Dieu, promesse du triomphe de la vérité. Aussi et surtout elle est message de l’amour de Dieu manifesté en son Fils. Un évêque russe du 1çème siècle disait : « La crois du Christ est sa plus belle parole ».
  • Que ce Carême 2025 nous aide à vivre intensément notre foi en l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, école où nous apprenons la responsabilité, le partage et la solidarité. Que chaque Eucharistie offerte et reçue soit préparée par une bonne confession où nous entendons de nos oreilles le prêtre agissant au nom du Christ nous dire : « Moi non plus, je ne te condamne pas ; tes péchés sont pardonnés ; va en paix ; désormais ne pèche plus » (cf. Jean 8, 1-11 ; Luc 5, 20. 7, 48). Agissant ainsi, nous participerons à la valorisation du sacrement de la pénitence et de la réconciliation en cette année où le Saint-Père le Pape François nous invite à être des Pèlerins de l’Espérance.
  • Bonne montée au Calvaire ! Bonne préparation à la fête de Pâques de la Résurrection !

Idiofa, le 7 avril 2025.

Au nom du Centre diocésain de Pastorale et Catéchèse,

Abbé Jacques-Marie Nzir Nyanga,

Directeur

[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1473.

[2] Cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 993 et 1434.