« … Demeurez dans mon amour…, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite (Jn 15, 9-11) ».
Mes chers Jeunes,
1. Aujourd’hui, le Christ entre triomphalement à Jérusalem : « Hosanna au Fils de David Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts (Mt 21, 9)». Comme ceux qui l’entouraient et l’accompagnaient, cheminant avec lui, scandant les mots : Hosanna… ; Hosanna au fils de David, nous voici à l’écart, faisant notre marche, accompagnant Jésus vers ‘Jérusalem’ : lieu de sa souffrance, de sa mort et de sa résurrection. Notre marche trouve son sens dans l’assouplissement de nos corps et de nos esprits alourdis par le péché vers la célébration du mystère de la Pâques.
Mes très chers jeunes,
2. Les mots que l’Evangéliste Jean utilisent dans : « …demeurez dans mon amour…, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite (Jn 15, 9-11)» tombent à dessein et traduisent toute la réalité. Demeurez dans l’amour du Jésus, devient la condition qu’il présente à ses disciples pour que sa joie soit en eux et qu’elle soit parfaite. Une joie qui est signe d’une vie épanouit, caractéristique du temps du salut et de la paix eschatologique (Es 9, 2 ; 35, 10, etc.). Cette Joie du Christ est déjà partagée par les disciples qui vivent dans la vie nouvelle. C’est une joie qui doit posséder tout l’homme et atteindre ainsi une sorte de plénitude (Jn 17, 3 ; 1 Jn 1, 4 ; 2 Jn 12). Elle peut être vécue même dans la souffrance (Jn 14, 28 ; 16, 20-24). Ceci prouve à suffisance que le disciple jouit d’une grande importance à ses yeux, Il l’aime et l’invite à demeurer en Lui (v. 4).
3. Cet appel pressant du Christ trouve sa raison d’être chez le « jeune d’aujourd’hui » appelé « à laisser son empreinte dans la vie, une empreinte qui marque l’histoire, son histoire et l’histoire de beaucoup (Pape François, Message à l’occasion des XXXIIèmes journées mondiales de la jeunesse 2017) » ; Jeune qui doit se préparer à assurer la relève de demain. Et parce que demain, nous y sommes déjà ! Vous devez mettre le temps à profit en demeurant dans l’amour de Jésus. Car, le temps passe vite… il est fouillant…savoir le saisir à temps pour ne pas dire comme Lamartine, « O temps suspends ton vol ! » (Lamartine, Le Lac).
4. « La jeunesse est l’espoir de demain », dit-on, lorsqu’elle comprend que Dieu l’aime et l’invite à demeurer dans son amour. Il l’appelle à demeurer dans son amour surtout dans cette tranche d’âge qui est belle, mais en même temps très délicate. Belle, lorsqu’elle accepte de demeurer attaché à son amour, à sa vigne (v. 4) et très délicate, lorsqu’elle refuse de s’attacher à son amour, à sa vigne et dont les conséquences sont connues : « être jeté dehors comme le sarment et être desséché; être ramassé et être jeté au feu et être brûlé» (v. 6). C’est finalement la disparition.
Mes très chers jeunes,
5. Expérimentez cette joie, pour grandir dans la sagesse de Jésus. Mais pour y parvenir, il faut : demeurer dans son amour. C’est en demeurant dans son amour que vous saurez vous protéger contre les antivaleurs, que vous n’accepterez pas de vous greffer à n’importe quel modèle de vigne de peur de vous corrompre ; vous percevrez le sens des valeurs qu’il faille cultiver : la fraternité, la sincérité, la vérité, le courage, le pardon, la justice, la volonté d’apprendre, l’optimisme et l’audace. En demeurant dans son amour, vous ne serez plus des attentistes mais des anticipateurs ; vous cesserez d’être « des jeunes-divan » (Pape FRANÇOIS, O. c.) ; vous percevrez que le monde de demain ne vous moralisera pas et d’ailleurs, ne vous moralise pas déjà ; vous aurez le courage dans le présent et l’espérance pour l’avenir (Pape François, O. C.) ; vous comprendrez le sens de l’Eglise et participerez à ses responsabilités : ne serez pas absents de l’engagement de l’Eglise (serez prêts des curés et vicaires pour les écouter et répercuter leur message aux autres). Demeurer devient finalement une clôture qui vous empêche de dérailler, un mur qui vous assure la sécurité.
6. Vous êtes les sarments de la vigne (v.1-2) et votre production dépendra de votre attachement à la vigne. Ainsi, ne vous greffez pas à n’importe quelle vigne ! Mais greffez-vous à la vraie vigne (v. 1) ; à celle qui vous fera porter des bons fruits. Car, les mauvaises vignes, il y en a, et les mauvais guides existent et peuvent vous pervertir. Et d’ailleurs, vous le savez comment ceux qui les suivent et qui ne demeurent pas attacher à la vraie vigne terminent leurs courses : les uns plongent dans le banditisme, les autres dans l’alcoolisme et le vagabondage, d’autres encore dans l’irresponsabilité criante.
Déjà notre cité d’Idiofa renferme un taux élevé de dérapage, faisons donc attention, sinon nous connaitrons un taux élevé d’échec à cause de l’influence des mauvais maîtres. N’oublions donc pas que personne ne peut donner ce qu’il n’a pas (Nemo quo dat non habet).
7. En vous demandant de demeurer en lui, de suivre son modèle, Jésus vous offre quelque chose de meilleur, mais qui passe par la croix ; Il vous offre la possibilité d’une vie joyeuse, féconde et heureuse ; Il vous offre aussi un avenir avec lui qui n’aura pas de fin, la vie éternelle. C’est un avenir qui appartiendra à ceux qui auront intériorisé les directives qu’il nous communique aujourd’hui. Une chose est sûre : « si nous souffrons avec lui, avec lui nous vivrons ; si nous supportons avec lui, avec lui nous régnerons … » (2 Tim 2,11-12).
Mes très chers Enfants,
8. La joie du Christ à laquelle nous sommes invités, n’est pas une joie abstraite, qui échapperait à tout entendement mais bien au contraire. C’est une joie concrète qui doit se manifester dans nos relations mutuelles : des parents, de nous-mêmes et doit avoir des répercutions dans notre entourage. C’est une joie détonatrice et transformatrice. Elle peut être réussie et donc parfaite pour ceux et celles qui écoutent sa parole, la suivent et la mettent en pratique (cas de ceux qui ont bien réussi leur vie dans notre grande cité d’Idiofa), tout comme elle peut être un échec : on écoute sa parole, on s’enfiche, on fait sa propre volonté et là, lorsque la situation tourne au vinaigre, on recherche des boucs émissaires çà et là.
9. Ainsi, marcher avec Jésus sur la route de Jérusalem, c’est déjà faire l’expérience de nos situations difficiles de tous les jours. C’est comprendre que la vie chrétienne n’est pas une vie en dehors de la souffrance, mais qu’elle fait corps avec elle. Car, notre Maître, le Christ, l’a connue. Et à sa suite, tout chrétien la connaîtra. Elle devient indispensable dans la vie chrétienne dans la mesure où elle passe pour une voix obligée vers la victoire ; un temps de purification et de discernement pour un mieux être.
Et comme le Christ, le chrétien ne doit pas la fuir, mais l’affronter pour la vaincre ; ne doit pas se refugier dans les fausses sécurités : l’avoir, le pouvoir et le plaisir, mais y apporter une cure de conversion.
Mes très chers Jeunes,
10. Vous voilà très nombreux et très attentifs à mes paroles. Que ce message que vous venez d’écouter vous amène à ne pas être des artisans de la médiocrité, de la fausseté, de la malhonnêteté, de l’immoralité, de la corruption, de l’injustice, de la barbarie, mais des protagonistes de paix, d’amour, de fraternité et de concorde. Ceux qui demeurent dans l’amour de Jésus afin que sa joie soit la leur et qu’elle soit accomplie (v. 11) ; ceux qui luttent pour que leur environnement soit sain et leur avenir radieux.
Que la Très Sainte Vierge Marie, Jeune de Nazareth qui a suivi Jésus, son Fils jusqu’au calvaire, intercède pour nous ; qu’elle nous obtienne la force et le courage nécessaires pour surmonter les épreuves et réussir nos diverses passions quotidiennes.
Que Dieu vous bénisse : + le Père, + le Fils, + et le Saint-Esprit. Amen
Donné à Idiofa, à la Sous Paroisse Saint Mukasa, le 09 avril 2017
à l’occasion des troisièmes journées diocésaines des jeunes.
+ José MOKO Ekanga
Evêque d’Idiofa.