Les églises de réveil, entendues comme recherche d’une relation (rapport) plus authentique avec Dieu en se comportant d’une manière digne de l’Évangile de Christ (Ph1,27) ou en marchant toujours selon l’Esprit (Gal 5,16), ne sont pas mauvaises en soi. Leur ministère qui consiste à exhorter les chrétiens à être toujours en état d’éveil pour ne pas s’endormir dans leur vie de foi est une richesse aussi pour les églises traditionnelles : catholiques, orthodoxes et protestantes. Mais le contexte particulier de notre pays fait réfléchir.
Les églises dites de réveil naissent chez nous dans un contexte de dégradation de la situation socio-économique où le travail est devenu une denrée rare. Les pasteurs à la tête de ces églises, attirés par l’appât du gain ont trouvé dans cette activité la seule occupation rémunératrice. Au lieu d’être une vocation, le ministère de pasteur est devenu un métier le plus pratiqué, les chômeurs y trouvent le palliatif à leur désœuvrement et le moyen le plus sûr de se faire de l’argent tandis que d’autres y trouvent le moyen d’augmenter leur salaire à la fin du mois.
Qu’en penser ? Je pense que si un processus de libération du peuple congolais il y a, il est aussi spirituel. Comme le Seigneur Jésus met en garde contre des faux prophètes (Mt 7,15-20), il faut se battre contre une autre occupation plus forte, celle des « églises de réveil » avec leurs enseignements teintés d’interprétations biaisées de la Bible, qui ont corrompu les esprits de leurs fidèles au point de les anesthésier contre tout effort de résolution des problèmes récurrents dans leur vie. J’allais presque dire que ces églises ont non seulement égaré leurs adeptes, mais aussi causés beaucoup de dégâts à telle enseigne que nos compatriotes ne sont plus aptes à raisonner et réfléchir, à créer et compter sur leurs propres aptitudes reçues de Dieu pour résoudre les différents problèmes qui se posent actuellement dans le pays. Que peut-on attendre des gens qui croient fermement que « Nzambe akosala » (pour parler abusivement de la providence divine), et pourtant Saint Paul dit clairement : « Celui qui ne travaille pas ne mange pas » (2Thes 3,10). Ou encore, que peut-on attendre des gens qui se servent abusivement de la Bible selon laquelle toute autorité vient de Dieu (Rm 13,1) pour plaire à un pouvoir politique corrompu, génocidaire et dictatorial afin d’en tirer le plus de profits possibles ?
C’est malheureux de noter que c’est tout le monde – toutes catégories confondues – qui s’y est mis : magiciens, voyants, devins, avocats, médecins, professeurs d’université, hommes politiques, et j’en passe ! Des universitaires qui devraient se concentrer sur leurs domaines spécifiques afin d’être utiles à la nation se fourvoient en se faisant pasteurs.
Ainsi, je pense qu’il est temps de stopper la prolifération des églises de réveil dont le caractère sectaire et mercantile est bien contraire à l’enseignement évangélique. Comme au temps de Mobutu, il faudrait instituer une autorisation et établir un règlement pour leur fonctionnement. Il faudrait aussi encourager ceux qui ne sont pas pasteurs par vocation à retrouver leurs professions d’origine dans lesquelles ils seraient utiles à la Nation ».
Richard Kama-Kama