La Toussaint se célèbre le 1er novembre, la veille du jour de la commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre, où l’on prie pour les morts. La Toussaint est une fête joyeuse, c’est la fête de la communion des saints, c’est-à-dire de tous ceux, vivants ou morts, qui sont déjà réunis en Dieu par la foi.

Pour des raisons pastorales, la commission épiscopale pour la liturgie la place le dimanche, jour indiqué chez nous pour réunir le plus des fidèles, vu que le calendrier RD Congolais ne prévoit pas la férie en ce jour comme ailleurs!

Quel est le sens de la Toussaint ?

D’où vient la Toussaint ? Pourquoi fait-on mémoire des saints ? Qu’est-ce que la communion des saints ? Réponse de Greg Dues, auteur du « Guide des traditions et coutumes catholiques » (Bayard)

D’où vient la Toussaint ?

À L’époque pré-chrétienne, les païens célébraient des rites pour leurs défunts, après les dernières récoltes à la fin de l’automne. Ces coutumes ont probablement incité les chrétiens à en faire autant.

Le mois de novembre est traditionnellement consacré au thème de la mort et aux défunts. Il débute avec la solennité de Tous les Saints le Ier novembre, et le 2 est dédié à tous les fidèles défunts.

Il n’y a rien de surprenant à ce que le thème de la mort soit associé au mois de novembre dans le contexte de l’hémisphère Nord. Les récoltes sont achevées, la nature est en train de « mourir », le temps froid et l’hiver s’installent, les nuits tombent de plus en plus vite et s’allongent.

La solennité de Tous les saints, célébrée encore aujourd’hui comme une fête d’obligation le 1er novembre, remonte aux premiers siècles. Elle fut instituée pour commémorer les martyrs dont le nombre était inconnu et qui, de ce fait, ne pouvaient être gratifiés d’une fête particulière.

La communion avec les saints 

La foi concrète manifestée à l’égard des saints ne fait qu’exprimer la compréhension que l’Église a d’elle-même : elle est le lieu de la rencontre et de la communion entre les disciples du Christ.

Cette conviction. qui était déjà celle du Symbole des Apôtres au 5ème siècle, s’enracine dans une pratique populaire bien antérieure. Le Symbole évoque l’Église comme la communauté ou la communion de tous les croyants, qu’ils soient vivants ou morts, tous appelés par Dieu et transformés dans le Christ et l’Esprit.

Cette communion se réalise tout particulièrement quand les chrétiens se rassemblent pour célébrer l’eucharistie. Dans le langage traditionnel, cette communauté des croyants est composée de l’Église triomphante (les saints du ciel) de l’Église pérégrinante (les chrétiens qui cheminent sur cette terre) et de l’Église souffrante (ceux qui sont au purgatoire).

Vatican II réaffirme cette doctrine. « En effet, tous ceux qui sont au Christ et possèdent son esprit constituent une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ. Donc, l’union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcé par l’échange de biens mutuels » (Constitution dogmatique sur l’Église).

Le culte des saints

Jusqu’au Ve siècle, les saints étaient honorés dans la ville ou le village où ils avaient vécu on bien achevé leur pèlerinage terrestre. Chaque localité avait sa liste de saints et conservait un récit de la mort de ses martyrs, confesseurs, évêques (souvent martyrs ou confesseurs) et autres saints, hommes et femmes. Mention était faite de leur nom au cours de la prière eucharistique.

Dans les grandes villes où la population chrétienne était importante et la persécution particulièrement sévère, comme à Rome et à Antioche, l’Église confia à des notaires le soin de garder ces récits, Pendant certaines persécutions, le nombre des martyrs fut si grand que seuls les plus connus restèrent dans les mémoires. Les autres étaient honorés à l’occasion d’une fête de Tous les Martyrs, et cela dès le Ve siècle.

Cette fête allait devenir notre Toussaint, ou solennité de Tous les saints.

Au Ve siècle, les Églises locales commencèrent à s’emprunter mutuellement leurs listes de saints, retenant les noms de ceux dont la mission avait en une portée « universelle ». Cette pratique s’accompagnait souvent d’un partage de reliques (un morceau du corps du saint), celles-ci étant considérées comme un gage de protection particulier pour la communauté. Une célébration annuelle était alors instituée on l’honneur de ces saints patrons.

Si certaines Églises locales empruntèrent leurs saints aux autres Églises, c’est tout simplement qu’elles n’en avaient pas. Tel fut le cas des tribus germaniques après leur conversion, qui empruntèrent la liste de Rome, puisqu’elles n’avaient aucun passé chrétien à se remémorer.

Par la suite elles y ajoutèrent les noms de leurs propres saints et saintes. C’est au cours du Moyen Âge que l’Église arrêta la liste des saints dont la vie et la mission avaient un sens pour toute l’Église.

Au Xe siècle, un consensus se lit autour des apôtres et évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), puis, au XIe siècle, autour des papes martyrs. La liste romaine finit par inclure des saints appartenant a d’autres Églises locales, et par devenir représentative de l’Église universelle.

Quand les Églises locales adoptèrent les livres liturgiques venus de Rome, elles adoptèrent aussi la liste de ses saints. À la fin du XIIe siècle, on ajouta des saints « modernes» aux anciens. Le premier d’entre eux fut Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry. mort martyr en 1170.  Les autres appartenaient à des ordres religieux nouvellement fondés, comme les franciscains ou les dominicains.

Malheureusement, cette propension à vénérer des saints issus du clergé et de la vie religieuse laissait entendre qu’une sainteté héroïque ne pouvait être le fait que des responsables d’Église, ou des personnes préservées des soucis domestiques ou séculiers. Cette tendance a canoniser des clercs ou des religieux a perduré

Mais on considère aujourd’hui comme une priorité de canoniser des saints issus du laïcat, hommes et femme pour rééquilibrer les choses.

Les saints intercèdent pour nous près du Christ

La tradition la plus populaire associée à la vénération des saints est de leur adresser une prière, pour leur demander d’intercéder auprès de Dieu on vue d’obtenir une grâce particulière.

Cette pratique résulte en grande partie de l’insistance quasi exclusive sur la divinité du Christ, au détriment de son humanité. Du coup, Les chrétiens en vinrent à se sentir plus à aise avec des intercesseurs faits de la même pâte humaine qu’eux.

Cela dit, le fait de prier les saints n’équivaut pas à nier le rôle médiateur du Christ.

Vatican II a tout à la fois assumé et clarifié cette tradition « Car, admis dans la patrie céleste et présents au Seigneur (voir 2 Corinthiens 5, 8), par lui, avec lui et on lui, ils ne cessent d’ intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (voir 1 Rois 2, 5), servant le Seigneur en toutes choses et complétant en leur chair ce qui manque aux souffrances du Christ on faveur de son Corps qui est l’Église (voir Colossiens 1, 24). Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité. » (Constitution dogmatique sur l’Église 49).

À l’époque moderne, les chrétiens se mirent à prier plus particulièrement tel ou tel saint en fonction de la cause à laquelle il était associé. Sainte Anne, par exemple, devint la patronne des femmes enceintes et saint Antoine de Padoue, le spécialiste des objets perdus. Quant à sainte Rita, on lui confie les causes désespérées.

A la messe, l’Eglise fait mémoire des saints

Faire mémoire, au cours de la célébration de l’eucharistie est une ancienne tradition; c’est refuser que la mort fasse plonger dans l’oubli. C’est être dans la pulsion de vie.

Une vieille le tradition consiste à rappeler le souvenir des saints on mentionnant leurs noms au cours de la prière eucharistique. Cette pratique est toujours en vigueur aujourd’hui.

La première prière eucharistique a gardé l’ancienne liste romaine que le célébrant est libre d’abréger s’il le juge bon : « dans la communion de toute l’église, nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ ; saint Joseph, son époux, les saints apôtres et martyrs Pierre et Paul, André, Jacques et Philippe, Barthélemy et Matthieu, Simon et Jude, Lin, Clet, Clément, Sixte, Corneille et Cyprien, Laurent, Chrysogone, Jean et Paul, Côme et Damien et tous les saints. Accorde-nous par leurs prières et leurs mérites, d’être, toujours et partout, forts de ton secours et de ta protection ».

Un peu plus loin, le célébrant poursuit : « et nous ; … admets-nous dans la communauté des bienheureux apôtres et martyrs, de Jean-Baptiste, Étienne, Matthias et Barnabé (Ignace, Alexandre, Marcellin et Pierre, Félicité et Perpétue, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile, Anastasie) et de tous les saints. »

Chaque jour, l’Église commémore plusieurs saints

Dans le calendrier, le saint du jour est l’un des saints choisi parmi ceux proposés par l’Église. Chaque jour, l’Église honore plusieurs saints et bienheureux : ceux du calendrier romain (sanctoral romain), ceux des calendriers diocésains et ceux du calendrier des églises orientales (synaxaire).

Chaque jour, dans la liturgie de l’Eglise, un saint est célébré. Souvent en quelques lignes, son témoignage et sa vie nous sont résumés en introduction aux lectures du jour dans nos missels ou autres livrets. Prendre le temps de les lire, nous donne de colorer différemment la lecture de l’Evangile du jour et de faire connaissance avec nos frères aînés dans la foi. Lors des baptêmes, de la liturgie pascale, des professions religieuses et des ordinations, la litanie des saints est chantée. Elle nous remet en mémoire la longue histoire d’un peuple en marche. Nous prenons notre place dans ce cortège que forme la multitude des saints au long des siècles : saints reconnus et célébrés par l’Eglise, mais aussi saints anonymes dont l’offrande humble demeure cachée.

Greg Dues, auteur du « Guide des traditions et coutumes catholiques » (Bayard)

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