Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements

Lettre circulaire aux Évêques sur le pain et le vin pour l’Eucharistie

1. La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des
Sacrements, à la demande du Saint Père François, s’adresse aux Évêques
diocésains (et à ceux qui leur sont équiparés en droit) pour leur
rappeler qu’il leur appartient, en premier lieu, de pourvoir dignement
à ce qui est nécessaire pour la célébration de la Cène du Seigneur
(cf. Lc 22,8.13). C’est à l’Évêque, premier dispensateur des mystères
de Dieu, modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans
l’Église qui lui est confiée (cf. CIC can. 835 §1), que revient de
veiller sur la qualité du pain et du vin destinés à l’Eucharistie et,
donc, sur ceux qui les préparent. On rappelle ici, dans le but d’être
utile, les dispositions en vigueur, et on suggère quelques indications
pratiques.

2. Alors que jusqu’à maintenant, d’une manière générale, quelques
communautés religieuses ont pris soin de confectionner le pain et le
vin pour la célébration de l’Eucharistie, aujourd’hui on les trouve en
vente aussi dans les supermarchés, dans d’autres magasins et sur le
réseau Internet. Afin d’éviter tout doute sur la validité de la
matière eucharistique, ce Dicastère suggère aux Ordinaires de donner
des indications à ce propos, par exemple en garantissant la matière
eucharistique par des certificats appropriés.

L’Ordinaire est tenu à rappeler aux prêtres, en particulier aux curés
et aux recteurs d’églises, leur responsabilité de vérifier qui sont
les personnes qui procurent le pain et le vin pour la célébration,
ainsi que l’idonéité de la matière.

Il appartient en outre à l’Ordinaire d’informer et de rappeler la
nécessité du respect absolu des normes de la part des producteurs de
vin et de pain pour l’Eucharistie.

3. Les normes à propos de la matière eucharistique, indiquées dans le
canon 924 du CIC et aux numéros 319-323 de la Présentation générale du
Missel romain, ont déjà été expliquées dans l’Instruction Redemptionis
Sacramentum de cette Congrégation (25 mars 2004) :

«Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du pain
azyme, de pur froment et confectionné récemment en sorte qu’il n’y ait
aucun risque de corruption. Par conséquent, le pain fabriqué avec une
autre matière, même s’il s’agit d’une céréale, ou le pain, auquel on a
ajouté une autre matière que le froment, dans une quantité tellement
importante que, selon l’opinion commune, on ne peut pas le considérer
comme du pain de froment, ne constitue pas la matière valide de la
célébration du Sacrifice et du Sacrement de l’Eucharistie. Le fait
d’introduire d’autres substances dans la fabrication du pain destiné à
l’Eucharistie, telles que des fruits, du sucre ou du miel, constitue
un grave abus. Il est évident que les hosties doivent être fabriquées
par des personnes qui, non seulement se distinguent par leur
intégrité, mais encore sont compétentes dans ce domaine, et emploient
les instruments appropriés» (n. 48).

«Le saint Sacrifice eucharistique doit être célébré avec du vin
naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substances
étrangères. […] Il faut prendre soin de conserver en parfait état le
vin destiné à l’Eucharistie, et de veiller à ce qu’il ne s’aigrisse
pas. Il est absolument interdit d’utiliser du vin dont l’authenticité
et la provenance seraient douteuses: en effet, l’Église exige la
certitude au sujet des conditions nécessaires pour la validité des
sacrements. Aucun prétexte ne peut justifier le recours à d’autres
boissons, quelles qu’elles soient, qui ne constituent pas une matière
valide» (n. 50).

4. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans sa Lettre
circulaire aux Présidents des Conférences Episcopales sur l’usage du
pain pauvre en gluten et du moût comme matière eucharistique (24
juillet 2003,  Prot. N. 89/78 – 17498), a rendu publiques les normes
qui regardent les personne qui, pour des motifs graves et divers, ne
peuvent absorber du pain normalement confectionné ou du vin
normalement fermenté.

«Les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide
pour la célébration de l’Eucharistie. Sont, par contre, matière
valide, les hosties partiellement privées de gluten et celles qui
contiennent la quantité de gluten suffisante pour obtenir la
panification, sans que l’on y ajoute des matières étrangères et qui
n’ont pas été confectionnées selon des procédés susceptibles de
dénaturer la substance du pain» (A. 1-2).

«Le moût c’est-à-dire le jus de raisin, frais ou conservé, dont on
suspend la fermentation grâce à des procédés qui n’en altèrent pas la
nature (par exemple dans le cas de la congélation), est une matière
valide pour l’Eucharistie» (A. 3).

c) «Les Ordinaires sont compétents pour concéder, aux prêtres ou aux
fidèles, la licence d’utiliser comme matière eucharistique du pain
comportant une faible teneur de gluten ou du moût. Cette licence peut
être concédée, de manière habituelle, tant que dure la situation qui
l’a motivée» (C.1).

5. De plus, la même Congrégation a décidé que la matière eucharistique
préparée avec des organismes génétiquement modifiés peut être
considérée une matière valide (cf. Lettre au Préfet de la Congrégation
pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, 9 décembre 2013,
Prot. N. 89/78 – 44897).

6. Ceux qui confectionnent le pain et produisent le vin pour la
célébration doivent être vivement conscients que leur œuvre est
orientée au Sacrifice Eucharistique, et ceci demande, de leur part,
honnêteté, responsabilité et compétence.

7. En vue de l’observance de ces normes générales, les Ordinaires
peuvent, s’ils le jugent opportun, se mettre d’accord au sein des
Conférences Episcopales, en donnant des indications concrètes. En
tenant compte de la complexité des situations et des circonstances, de
même que de la disparition du respect pour les choses sacrées, on sent
qu’il est devenu nécessaire, du point de vue pratique, qu’il y ait
quelqu’un qui puisse garantir effectivement, à la demande de
l’Autorité compétente, l’authenticité de la matière eucharistique de
la part des producteurs, ainsi qu’une distribution et vente qui soient
convenables.

On suggère, par exemple, qu’une Conférence Episcopale puisse demander
à une ou plusieurs Congrégations religieuses, ou encore à un autre
Organisme idoine, de vérifier la production, la conservation et la
vente du pain et du vin pour l’Eucharistie dans un pays donné ainsi
que dans les autres pays où ces produits seraient exportés. On
recommande en outre que, dans les lieux de vente, le pain et le vin
destinés à l’Eucharistie soient traités de la manière qui convient à
leur usage.

Du siège de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des
Sacrements, le 15 juin 2017, en la solennité du  Saint-Sacrement du
Corps et du Sang du Christ.

Robert Card. Sarah

Préfet

X Arthur Roche

Archevêque Secrétaire.