Mot du clergé à la clôture des journées sacerdotales et retraite ! C »est au nom du clergé d’idiofa que l’abbé Dieudonné Gabidi a pris parole comme prêtre Rassembleur pour remercier tour à tour le prédicateur, Mgr Timothée Bodika Évêque de Kikwit, Monseigneur José Moko Évêque d’idiofa et les prêtres réunis.

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Excellences messeigneurs les Evêques,

Au terme de ces jours de prière riches en grâces, je viens m’acquitter de ce noble devoir de prise de parole au nom du clergé ici réuni. Je voudrais d’abord remercier Mgr José, notre Evêque , pour l’importance et la place qu’il accorde aux journées  et retraite sacerdotale qui sont un moment d’échanges fraternels et de retrouvailles après qu’on a été chacun dans son coin perdu parfois loin des amis ; mais aussi un temps de recueillement, ressourcement spirituel et d’évaluation de notre action pastorale et son impact sur le peuple de Dieu nous confié. Merci Mgr d’avoir trouvé pour nous un prédicateur qui a mis à notre disposition sa double expertisez de prêtre et évêque pour nous enseigner. Je remercie aussi tous les confrères qui, malgré les contraintes multiples, ont répondu présents à ces exercices.

A vous, Excellence,  Mgr Timothée, notre clergé exprime sa reconnaissance pour ces 5 jours passés ensemble, où dans un mélange d’exégèse, pastorale, missiologie, pédagogie et expérience de terrain, vous nous avez aidé à porter un regard critique sur notre façon d’être prêtre de la nouvelle alliance dans un souci permanent de devenir ce que nous sommes. Vous nous avez rappelé tour à tour que la dignité du prêtre dont nous sommes gracieusement bénéficiaires nous met tout de même au défi de protéger ce trésor enfoui en nous en exerçant notre sacerdoce dans une continuelle communion réelle avec notre évêque de qui nous recevons mission, dans une fraternité indispensable entre nous membres du même presbyterium et en collaboration sincère avec les laïcs pour la bonne réussite de la mission que le Christ nous confie, à savoir, le salut des âmes. Et comment sauver les âmes et les sanctifier si nous ne prenons pas les moyens qui s’imposent, notamment accorder à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie la première place de notre vie, en nous prémunissant devant les convoitises multiples de ce monde ; capables de torpiller notre donation au Seigneur ; et en accueillant avec joie les conseils évangéliques sans oublier de vivre le PARDON dont nous sommes d’abord nous-mêmes bénéficiaires avant d’en être ministres, puisque nous sommes aussi fragiles. C’est d’un tel témoignage de vie que l’église pourra voir naître des vocations pour la continuation de la mission. Merci Mgr Timothée.

Mgr José,

Chers confrères,

Je ne peux pas ne pas revenir sur des moments pathétiques qui ont émaillé nos journées avec des joies et des frustrations exprimées ou non, mais dont les enseignements de Mgr Timothée auront été, à mon humble avis un baume sinon un début de pansement là où une plaie resterait encore ouverte.

Nous ne pouvons pas hypocritement nous voiler la face ni escamoter ces réalités que nous avons nous-mêmes exprimées dans un élan de cœur ouvert. Les hommes étant tels, la même chose peut se vivre mutatis mutandis dans l’église sœur de Kikwit dont le pasteur est ici présent.

Excellence Mgr José,

Dans une réflexion sous le thème « vivre sa foi en communauté dans les joies et peines », nous, votre clergé, avons visité tour à tour la vie pastorale de notre diocèse dans ses forces et dans ses faiblesses, l’enseignement qui embauche beaucoup de confrères ainsi que la vie matérielle et financière du diocèse.

Au-delà des efforts remarquables que les uns et les autres fournissent dans chacun de ces domaines, il a été relevé des lacunes qui méritent notre attention à tous, si nous voulons atteindre les objectifs de l’évangélisation de notre église locale.

Sur le plan pastoral, c’est avec regret que nous avons constaté que les communautés chrétiennes de base ne sont plus visitées sous multiples prétextes dont le manque d’argent de carburant. Si la tendance actuelle des missionnaires est d’abandonner les périphéries et s’installer dans des villes, la tendance malheureuse de notre clergé est de se renfermer dans la bureaucratie scolaire en restant au chef-lieu des paroisses sans souci de ces périphéries qui nous attendent. Aussi pensons-nous, Père Evêque, que dans les affectations des préfets et coordinateurs une mention spéciale « vicaire itinérant » soit nécessaire pour qu’ils sortent aussi de leurs bureaux au weekend pour visiter les fidèles que les églises de réveil nous arrachent, faute de notre présence. Les moyens suivront, ou mieux il y en a. Une question de volonté.

Sur le plan éducationnel une note positive s’est dégagée de la maîtrise des statistiques présentées par le porte-parole des coordinateurs. Mais c’est de façon unanime que nous avons déploré la corruption, ce fléau qui gangrène nos écoles sans que les écoles dirigées par les prêtres ne fassent de différence : perceptions illicites sous le couvert de labo ou organisation matérielle aux examens d’Etat. Aussi avons-nous estimé que la seule exhortation à la conscience sacerdotale ne suffit pas ; et que des mesures punitives pourraient décourager ce penchant à cajoler la convoitise de l’argent.

Enfin sur le plan matériel et financier, le clergé a salué avec reconnaissance les efforts que les services de COMBILIM et ECONOMAT entreprennent dans l’acquisition de nouvelles infrastructures modernes et une bonne présentation des comptes. Cependant ils n’ont pas manqué de stigmatiser la faible implication des prêtres dans les opérations des OPM et Fond de solidarité. En outre l’assemblée a déploré la modicité sinon l’inexistence de prise en charge du prêtre par l’Economat dans ses lignes budgétaires, à part les soins médicaux de quelques confrères. Que la viematérielle du prêtre devienne aussi une des priorités du budget financier.

Excellence,

Un moment encore intéressant de ces journées a été celui des échanges que nous avons appelés « le social » pour parler de nos relations. De façon unanime le clergé constate qu’il y a un malaise de plus en plus grandissant en son sein avec une recrudescence des clivages et reflexes régionalistes et ethniques. Un climat de méfiance qui met à mal les relations mutuelles devenant presque de façade.

Que ce soit celui qui se considère comme victime ou celui qui est vu comme bourreau, les deux se rejoignent à reconnaître qu’il y a un malaise mais différemment interprété selon l’angle d’où l’on observe ce malaise.

Cependant, ayant pris le temps d’écouter les uns et les autres dans l’analyse de ce phénomène, et fort des enseignements de notre retraite, je me permets de dire, Excellence, que la précarité de la vie matérielle et financière de notre clergé engendre des soupçons et ouvre la voie à des analyses dont le soubassement reste les jalousies et convoitises qui créent la haine dans les cœurs. Du coup la lecture des affectations est teintée de cette vision régionaliste et ethnique qui dérange.

Mais sans entrer dans les détails des avantages que tireraient pour eux-mêmes ou pour les leurs les confrères qui occupent tel ou tel autre poste de direction, de commandement ou de gestion, convoité (chancelier, économe, coordinateur, superviseur, directeur de service, préfets des études, professeurs , recteur des maisons de formation ou des maisons d’accueil etc), je formule un vœu en tant qu’animateur  du clergé :

  • Au Père Evêque qu’au-delà de votre souci d’efficacité jointe à la compétence, vous donniez un écho à ces aspirations non moins légitimes.
  • Au clergé, que nous sachions que ces postes sont inférieurs au nombre que nous atteignons déjà, une deux centaine ; et donc nous ne pouvons pas prétendre tous occuper ces postes, mais que dans l’humilité nous sachions reconnaître les mérites et aptitudes des confrères qui occupent ces postes à rotation sans d’abord faire prévaloir leurs coins d’origine. Toutefois il reste légitime de dénoncer sans complaisance ni rancœur tout responsable qui exercerait son ministère en traitant inégalement ses confrères avec reflexe ethnique. Cependant, sachons être responsables de nos actes même les plus répréhensibles, sans instrumentaliser la tribu pour des fins inavouées.

Et pour finir, relançons donc avec vigueur et conviction le décret épiscopal sur les impôts et nous aurons des revenus qui vont nous apporter le minimum vital nécessaire et nous serons des prêtres heureux.

Souscrivons, chers confrères à la mutuelle de santé pour ensemble combattre la maladie qui nous attend demain.

Avec Saint François d’Assise, demandons au Seigneur de faire de nous des artisans de paix.

Je vous remercie.

Pour le Clergé d’IDIOFA

Abbé Dieudonné GABIDI

Modérateur.